Captation de sons à Guédelon : au jardin (12)

A Guédelon, il n’y a pas que les activités liées directement au chantier qui sont pratiquées. En effet, celles ayant trait au jardinage sont également exercées. Mais elles sont souvent oubliées des visiteurs malgré les panneaux bien présents. Ainsi, pour voir (et entendre) les jardiniers (ou plus exactement les jardinières), il faut arriver relativement tôt. Ce que nous avons fait et nous avons pu enregistrer leurs activités, souvent bien moins bruyantes que celles des autres artisans. Dans ce billet, nous allons vous en faire découvrir quelques-unes.

Frous frous et chuchotements

Pour les débusquer, il faut tendre l’oreille. La jardinière se fond totalement dans le paysage sonore de la nature qui l’entoure. A l’inverse d’aujourd’hui où les outils mécaniques sont extrêmement bruyants et génèrent une pollution sonore qui nuit jusqu’à l’environnement de la faune (et pas que). A Guédelon, ce n’est que froufroutements et chuchotements.

Pour les surprendre dans leur activité, et piéger ces sons souvent ténus, rien de mieux que la perche et un micro cardioïde. Inutile de déployer la grosse artillerie : il faut être léger et « court vêtu » pour suivre les activités, agile et pouvoir réagir en fonction des activités.

Première activité : le fauchage

Il se pratique sous deux formes : à la faux et à la faucille. Suivre le mouvement de la faux est, somme toute, plus compliqué que capter le travail à la faucille.

• Pour le fauchage à la faux, il faut rester droit, donner un mouvement ample des bras, appliquer un angle de coupe à la faux pour que la lame tranche nettement l’herbe ou les céréales. Si l’angle est mauvais, l’herbe se couche et n’est pas coupée.

On entend la lame trancher les herbes après qu’elle a fendu l’air :

Captation visuelle sur smartphone et prise audio micro cardioïde sur perche du fauchage

• La coupe à la faucille est plus pénible pour la jardinière. Il faut, en effet se courber, prendre en main une poignée d’herbe (ou de céréales par exemple) et appliquer des mouvements souples du poignet pour trancher (ici, les chardons). Le bruit est différent.

On entend distinctement la prise en main de la brassée et sa coupe franche (sorte de craquement). Prise audio avec un micro cardioïde sur perche de la coupe à la faucille :

L’aiguisage de la faux

Autre moment important pour le jardinier (ou la jardinière), c’est l’aiguisage. Il faut en effet que ses outils soient bien tranchants afin de faciliter la coupe. Cette fois l’affûtage s’est fait chez les forgerons. La pierre à aiguiser fait chanter la lame.

Dans cette séquence, vous avez, en regard de la vidéo, les sonogrammes des enregistrements fait à partir du smartphone et à la perche (micro cardioïde).

Dans un premier temps, vous entendez la captation smartphone (en haut). Visuellement, vous noterez que le sonogramme est plus jaune oranger. C’est l’énergie du son lors de l’enregistrement. Il y a peu de discrimination. A l’écoute, on entend l’ensemble des bruits présents autour de l’action.

Juste après le chant du coq, vous pouvez entendre la captation faite à la perche. Visuellement, on note des couleurs plus chaudes (plus rouge), les impacts sonores sont plus étroits (le son est légèrement plus sec). Cette fois-ci, la captation est focalisée sur la lame aiguisée : l’ambiance environnante est étouffée. En revanche, on entend très bien le doigt qui court sur la lame pour sentir si elle mord bien.

Le chante-pleure, c’est quoi ?

Le chante-pleure (ou chantepleure), c’est un arrosoir médiéval, une sorte de pot dont le fond percé de trous permet l’arrosage.

Le mode d’utilisation est vraiment très simple. La jardinière remplit les pots en terre dans le baquet prévu à cet effet (récupération des eaux de pluie souvent), bouche le haut du col avec son pouce pour bloquer l’air. Ainsi, l’eau est piégée dans le pot. Puis sur site, elle ouvre le col en soulevant le pouce (le pchitt entendu brièvement) et l’eau s’écoule par le fond percé (la petite chanson).

Mais d’où vient cette appellation ? Son nom vient de la petite « chanson », ce petit air de musique qu’il siffle lorsque la jardinière arrose.

Voici ce que cela offre à nos oreilles : Dans un premier temps, on entend le pot se remplir (avec le glougloutement), puis l’arrosage.

La séquence a été légèrement raccourcie (coupe du déplacement entre le baquet et le jardin).

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Crédits photos et sons : ©PI2A-Audio/MSH-LSE/UAR2000/CNRS

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