Quand la diffusion 4D devient réelle
La collaboration avec le CNSMDP
Cette expérience s’inscrit dans le cadre de nos travaux sur les différents types de diffusion pouvant permettre de restituer au plus près la réalité sonore des environnements qui nous entourent ou qui ont pu exister.
Le 17 février 2022, nous nous sommes rendus au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse (CNSMDP) à Paris. La séance programmée consistait à restituer de manière très spatiale une scène dynamique. Le traitement est binaural et l’écoute se fait au casque.
Nous avons été reçus par Jean-Marc Lyzwa, ingénieur son, chercheur et développeur qui a mis ses outils et son installation à notre service. Il est spécialiste de l’audio orienté objet.
Le pourquoi de cette collaboration
Chaque expérience menée doit nous permettre de progresser du point de vue de la captation (nouveaux micros, méthodologie…), du traitement des fichiers audio ou de leur diffusion.
Dans le cas présent, il s’agit, non seulement d’enrichir notre palette de diffusion (enrichissement des modes d’écoute), mais surtout de la manipulation des objets sonores pour enrichir, expérimenter, optimiser nos propres travaux et venir compléter ceux menés sur l’audio orienté objet initiés par Jean-Marc Lyswa.
Ce denier met à notre disposition un matériel coûteux – comme le fait Brian Katz (Institut Jean Le Rond d’Alembert – Sorbonne Université). Son cœur de métier est l’enregistrement d’orchestre ou d’instrument de musique. De notre côté, nous travaillons sur l’enregistrement de gestes, d’objets et de transformation de la matière. Si les outils sont identiques (micros, enregistreurs….), ce sont les objets à enregistrer qui sont totalement différents : pour Jean-Marc, ce sont des notes et des instruments de musique ; pour nous des objets indifférenciés. Nous sommes donc complémentaires et nous nous enrichissons mutuellement – les objets sonores étant différents.


La finalité : vers un modèle d’écoute spatialisé
Cette expérimentation nous permet de passer d’un modèle de diffusion spatiale “horizontal” (car contraint par la position des haut-parleurs tous positionnés à hauteur d’oreille) à un modèle totalement spatialisé dont l’écoute sera binaurale.
Pour faire simple, voici un schéma plus parlant parfois :

…. la diffusion binaurale
A terme, et grâce à ces collaborations croisées, nous voulons développer des outils, des méthodologies et des restitutions permettant de plonger l’auditeur dans des situations d’écoute proches de la réalité, que ce soit pour restituer le passé, comprendre le présent ou se projeter dans le futur.
L’expérimentation
Sur le terrain (à Guédelon)
Le moulin de Guédelon est construit près d’une retenue d’eau. Il est alimenté par un bief qui fait tourner le mécanisme et entraine le babillard et la meule.

En laboratoire
La préparation
La préparation de cette séance de travail s’est faite très en amont et a mobilisé l’ensemble de nos savoir-faire.
–Choix du lieu et de l’action à restituer : le moulin de Guédelon
Pourquoi ? Parce que l’aire géographique est relativement importante (mais pas trop) et qu’il y a un critère d’élévation sur lequel nous désirions plus spécialement travailler. De plus, nous pouvons prendre en compte un critère de déplacement (celui de l’eau qui coule). Ainsi, outre la dimension purement spatiale, la notion de dynamique est présente (l’eau qui coule et crée un mouvement de translation).
Chaque plan a permis de positionner finement tous les éléments captés, leur mode de captation et leur localisation spatiale.
Le travail d’analyse et de synthèse est regroupé dans un dossier amplement illustré de schémas et de tableaux explicatifs.

Le travail lors de la séance
Chaque fichier audio a été positionné selon la place repérée lors des séances d’enregistrement.
– Un défi : les conditions de restitution doivent permettre de se retrouver dans la situation réelle.
– Mode opératoire : chaque fichier audio a été positionné selon un azimuth déterminé selon les réalités terrain.
– Résultats : assez rapidement, nous sommes parvenus à des résultats vraiment très proches de la réalité. Cette expérimentation est donc une réussite.

En conclusion.
Pour restituer des ambiances sonores historiques dont il ne reste rien, il est nécessaire de s’appuyer sur des méthodologies validées dans des conditions réelles. Le cas du moulin de Guédelon nous permet donc de valider notre méthodologie de restitution en diminuant au maximum les risques d’erreurs grossières pouvant entrainer une invalidation du résultat.
Crédits photos : ©PI2A-Audio/MSH-LSE/UAR2000/CNRS